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A la poursuite d’octobre rose

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Delphine Chapeland 1

Après le titre de champion AURA acquis avec la CTC CSP01-St Rémy de R2, nous avions convenu avec Delphine d’évoquer son parcours durant le traitement de sa maladie pour participer, à sa manière, à la sensibilisation des femmes, mais aussi des hommes sur ce cancer.

En septembre 2019, Delphine Chapeland s’apprête à disputer la dernière saison de sa carrière avec la CTC CSP01-St Rémy en R2. Elle est en pleine forme et l’objectif est de terminer sur une dernière montée avec un groupe qui s’avèrera particulier. En mars 2020, l’arrêt des championnats brise le rêve de Delphine.
Ne souhaitant pas s’arrêter sur ce coup du sort, Delphine repart de plus belle pour 2020-2021, et ce qui doit être une dernière danse. Mais en pleine préparation, au hasard de sa vie de couple, quelque chose semble anormal pour Mathieu, son mari : « Il a senti une grosseur et m’a poussé à consulter rapidement » indique-t-elle avant de préciser : « Sans lui, je ne sais pas où j’en serai. » L’Afrique a eu ses mines anti-personnelles et ses dramatiques conséquences, les femmes des pays occidentaux ont, comme le chante Clara Luciani, sous leurs seins, une grenade. Sans douleur, et de manière sournoise, et pernicieuse, ce crabe sommeil et se réveille frappant au hasard sous des formes différentes (1).
Celui de Delphine est déclaré sous la forme hormonal. L’opération, après une biopsie est obligatoire. De septembre 2020 à mai 2021, Delphine enchaine les chimios et les rayons avec les effets indésirables « Depuis mai 2021 j’ai droit à l’hormonothérapie avec 1 traitement pour les 10 prochaines années. Un traitement qui agit donc sur les hormones et qui peut me faire passer du rire aux larmes en claquant des doigts, sans savoir pourquoi. »

(1) le centre Léon Bérard en dénombre 6 : Hormonodépendant, triple négatif, HER2 surexprimé, métastatique, personnes âgées et carcinome in situ

Delphine et ses enfants

Durant cette période sombre, ses proches se révèlent de précieux appuis : « Mathieu a été formidable et a été ma béquille, au propre comme au figuré. Ma maman et ma belle mère, elles aussi touchées par cette maladie (2) ont été précieuses durant cette période. » Delphine a pu compter aussi sur ses 2 « saints » : Jean et Paul ses 2 enfants âgés de 8 et 5 ans à cette époque : « Je me suis accroché à eux quand ça n’allait vraiment pas. Je ne pouvais pas les abandonner. Ils ont été de superbes moteurs. » Enfin, il y aura aussi son équipe de basket. A ce moment là, les compétitions ne peuvent avoir lieu, mais les filles gardent le contact et, à coup de visios, d’appels et autres messages, ont une pensée pour Delphine.


(2) Arlette sa maman a perdu son mari en 2000, et Brigitte sa belle mère a perdu son mari Jérôme (ancien président de Vonnas) en 2019

Delphine aux côtés de ses nièces
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Delphine au coeur de sa 2e famille

Et c’est en mai que Delphine peut reprendre une activité sportive : « Ca été très dur. Habituée à faire du sport, je ne pensais pas à l’épreuve que cela serait. L’état physique était catastrophique. Je ne pouvais pas courir plus de 10 mn. Sans compter les effets du traitement. Faute de structure adaptée pour m’aider dans ma « ré-athlétisation », je me suis tournée vers un coach personnel. » A force de ténacité et désireuse de retrouver son équipe qui l’attend pour la saison 2021-2022, Delphine refait surface. Au prix de nombreux efforts, mais avec le soutien de ses partenaires, elle retrouve les parquets en novembre 2021 : « Au début j’étais en retrait, mais les filles avaient toujours une petite attention pour moi, une tape sur la tête, un sourire. Toute cette bienveillance, m’a aidé dans mon retour. Et puis je voulais terminer sur une victoire comme on se l’étaient promis. » L’issue de la saison 2021-2022 est heureuse avec la montée en R1 et le titre de championnes AURA. « On ne peut pas savoir ce qui se serait passé avec une autre équipe, mais ce groupe c’était comme une 2e famille. Leur aide m’a été précieuse et importante. Et je termine sur une victoire ! » se réjouit-elle. Une victoire à plus d’un titre.

Aujourd’hui, Delphine a rangé ses baskets pour reconstruire son corps : « Je sors d’une opération de reconstitution de ma poitrine. Avec mon jeune âge, la prothèse n’était pas très conseillée. C’est une nouvelle opération lourde avec un prélèvement dans le muscle dorsal qui m’empêche d’utiliser mon bras. » Une fois qu’elle en aura terminé avec sa reconstruction, Delphine se concentrera pour aider les autres femmes dans leur combat : « Pour l’instant j’ai besoin encore de mon énergie pour moi avant de pouvoir en transmettre à d’autres pour affronter les épreuves de cette maladie. »

Delphine aimerait que cette sensibilisation ne s’arrête pas qu’au mois d’octobre « Ce n’est pas qu’en octobre que l’on attrape ou que l’on guéri du cancer, mais c’est déjà bien d’avoir une fenêtre médiatique. » et ne peut que conseiller de se dépister : « Il sommeille en nous et en le prenant tôt nous pouvons éviter les lourds traitements. Il ne faut pas s’observer toutes les 5 mn et tomber dans la paranoïa, mais dépistez-vous ! »